Le pape François a adressé ce message, en français, à l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, après l’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame, dans la nuit du 15 au 16 avril 2019.
Un message publié par le Saint-Siège, qui fait suite aux deux autres messages parvenus dans la soirée du 15 avril – « incrédulité et tristesse » – et dans la matinée du 16 – le pape « proche de la France« .
En début d’après-midi, ce tweet a été publié sur le compte @Pontifex_fr, ce 16 avril: « Nous sommes unis aujourd’hui au peuple français, et attendons que la douleur liée au grave incendie se transforme en espérance pour la reconstruction. Sainte Marie, Notre Dame, priez pour nous. »
L’Elysée annonce que le président Emmanuel Macron doit s’entretenir par téléphone avec le pape François ce mardi après-midi.
Message du pape François
S.E. Mgr Michel Aupetit
Archevêque de Paris – PARIS
Suite à l’incendie qui a ravagé une grande partie de la cathédrale Notre-Dame, je m’associe à votre tristesse, ainsi qu’à celle des fidèles de votre diocèse, des habitants de Paris et de tous les Français. En ces Jours Saints où nous faisons mémoire de la passion de Jésus, de sa mort et de sa résurrection, je vous assure de ma proximité spirituelle et de ma prière.
Cette catastrophe a gravement endommagé un édifice historique. Mais j’ai conscience qu’elle a aussi affecté un symbole national cher au cœur des Parisiens et des Français dans la diversité de leurs convictions. Car Notre-Dame est le joyau architectural d’une mémoire collective, le lieu de rassemblement pour nombre de grands évènements, le témoin de la foi et de la prière des catholiques au sein de la cité.
En saluant le courage et le travail des pompiers qui sont intervenus pour circonscrire l’incendie, je forme le vœu que la cathédrale Notre-Dame puisse redevenir, grâce aux travaux de reconstruction et à la mobilisation de tous, ce bel écrin au cœur de la cité, signe de la foi de ceux qui l’ont édifié, église-mère de votre diocèse, patrimoine architectural et spirituel de Paris, de la France et de l’humanité.
Avec cette espérance, je vous accorde de grand cœur la bénédiction apostolique, ainsi qu’aux Évêques de France et aux fidèles de votre diocèse, et j’appelle la bénédiction de Dieu sur les habitants de Paris et sur tous les Français.
Le pape François a rendu visite au pape émérite Benoît XVI, ce lundi 15 avril 2019, dans l’après-midi, au monastère « Mère de l’Eglise » du Vatican, annonce le directeur du Bureau de presse du Vatican, Alessandro Gisotti.
Le pape François se rend auprès du pape émérite pour lui présenter ses voeux, à Noël et à Pâques, mais il s’est aussi rendu au monastère où réside son prédécesseur pour lui souhaiter un bon anniversaire: le pape émérite aura 92 ans demain, 16 avril 2019.
Affection particulière
Il est né le à Marktl, dans l’État libre de Bavière (Allemagne). Et trois jours plus tard, vendredi, 19 avril, ce sera aussi l’anniversaire de son élection au siège de Pierre, le 19 avril 2005 et il a inauguré son pontificat le 25 avril suivant: troisième anniversaire de ce mois d’avril, ce sera le jeudi de la semaine prochaine.
« En ce premier jour de la Semaine Sainte, indique le Vatican (en français), le Pape François s’est rendu cet après-midi au monastère Mater Ecclesiae pour présenter ses voeux de Pâques à Benoît XVI. »
Le communiqué insiste sur l’ « affection particulière » qui inspire cette visite et ces voeux: « Cette visite a, par ailleurs, offert au Saint-Père l’occasion de souhaiter, avec une affection particulière, un joyeux anniversaire au Pape émérite qui fête demain ses 92 ans. »
Un accent d’autant plus important au moment où les observateurs du monde entier se divisent entre ceux qui opposent les deux pontificats et ceux qui soulignent leur unité, du point de vue de la lutte contre la pédophilie dans l’Eglise.
Le directeur éditorial du dicastère romain pour la communication, Andrea Tornielli, avec un regard d’historien qui s’appuie sur les documents, opte pour la continuité des deux pontificats dans son éditorial publié par L’Osservatore Romano, ce 15 avril au soir et intitulé: « Cette «voie pénitentielle» qui unit deux pontificats ». Nous l’avons traduit intégralement ici.
Rencontre des victimes, une nouveauté
Un des reproches fait à Benoît XVI concerne les victimes. Or, ceux qui optent pour opposer les deux pontificats du point de vue de la sensibilité à la douleur des victimes semblent oublier les rencontres voulues par Benoît XVI avec les victimes de pédophiles prêtres, comme le soulignait, par exemple, Céline Hoyeau dans La Croix en 2013 à l’occasion du voyage à Malte: « Le pape a prié et pleuré avec nous. » Face aux caméras, Lawrence Grech est en larmes. Avec sept autres victimes d’abus sexuels commis par des prêtres maltais, le jeune homme a été reçu par Benoît XVI ce 18 avril 2010, au cours de son voyage à Malte. Comme aux États-Unis et en Australie, en avril et en juillet 2008, le pape a tenu à rencontrer les victimes et s’est entretenu personnellement avec chacune d’elles, faisant part de sa honte et de son regret pour les souffrances endurées. Ce geste fort, sans doute celui qui restera, résume à lui seul l’attitude de Benoît XVI face à la crise pédophile. Tout au long de son pontificat, le pape a affronté avec courage ce dossier délicat et douloureux, assumant les fautes de l’Église et l’entraînant dans un processus de vérité et de purification sans précédent. Levant la chape de plomb qui pesait sur l’institution, Benoît XVI « a eu le courage de percer l’abcès », salue le P. Stéphane Joulain, psychothérapeute et membre de la Société des Missionnaires d’Afrique. »
On oublie aussi souvent que le cardinal Ratzinger a été le premier à entendre les victimes du p. Marcel Maciel, en tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et à sévir dès qu’il en a eu le pouvoir, après son élection comme successeur de Jean-Paul II.
Il a redit sa préoccupation pour les victimes à différentes reprises, comme dans sa lettre aux catholiques d’Irlande du 19 mars 2010: « En plusieurs occasions depuis mon élection au Siège de Pierre, j’ai rencontré des victimes d’abus sexuels, et je suis disposé à le refaire à l’avenir. Je me suis arrêté pour parler avec eux, j’ai écouté leurs récits, j’ai pris acte de leur souffrance, j’ai prié avec eux et pour eux. » C’était une nouveauté alors que ces rencontres et que ces propos.
« Personne ne vous écoutait »
Dans cette même lettre il s’adressait aussi directement aux victimes et à leurs familles: « Vous avez terriblement souffert et j’en suis profondément désolé. Je sais que rien ne peut effacer le mal que vous avez subi. Votre confiance a été trahie, et votre dignité a été violée. Beaucoup d’entre vous, alors que vous étiez suffisamment courageux pour parler de ce qui vous était arrivé, ont fait l’expérience que personne ne vous écoutait. Ceux d’entre vous qui ont subi des abus dans les collèges doivent avoir eu l’impression qu’il n’y avait aucun moyen d’échapper à leur souffrance. Il est compréhensible que vous trouviez difficile de pardonner ou de vous réconcilier avec l’Eglise. En son nom, je vous exprime ouvertement la honte et le remord que nous éprouvons tous. Dans le même temps, je vous demande de ne pas perdre l’espérance. »
Finalement sa réflexion pour le clergé bavarois, publié dans Klerusblatt du 11 avril – qui ne rappelle pas tout cela, car ce n’est pas un plaidoyer pro domo, mais suppose chez ses lecteurs bavarois un peu de mémoire -, semble surtout offrir des clefs de son pontificat: il avait plusieurs longueurs d’avance dans l’intelligence de l’ampleur du désastre. Il a choisi des moyens pour y remédier: écoute des victimes, lois, sanctions, renvois, audits, et moyens spirituels pour aller à la racine spirituelle du mal. On inverserait les choses en disant qu’aujourd’hui on comprend ce qu’il n’a pas compris. Lui a compris, plus tôt, parce qu’il a pris au sérieux la voix des victimes. On comprend qu’il ait voulu une « année sacerdotale » pour réformer le clergé (qui l’a alors compris?) et une « année de la foi » pour tout le peuple de Dieu: la foi dans le Christ ressuscité, pour y puiser les ressources pour renouveler toute l’Eglise en profondeur.
La IXe station, en 2005
Pour le Chemin de croix du Colisée, en mondovision, à 21h15 (comme chaque année), en 2005, le cardinal Joseph Ratzinger, chargé par Jean-Paul II d’écrire les méditations, avait osé dénoncer la « souillure » dans l’Eglise et même chez des ministres ordonnés, et beaucoup d’entre nous, journalistes, devons avouer que, bien que saisis par l’emploi du mot « souillure », nous n’avons peut-être pas compris toute l’ampleur des crimes que ce cri dénonçait, à la IXe « station« : « Quel manque de foi dans de très nombreuses théories, combien de paroles creuses ! Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement !Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! Que de manques d’attention au sacrement de la réconciliation, où le Christ nous attend pour nous relever de nos chutes ! Tout cela est présent dans sa passion. La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le cœur. Il ne nous reste plus qu’à lui adresser, du plus profond de notre âme, ce cri : Kyrie, eleison – Seigneur, sauve-nous! »
Il fallait du courage, et le pontificat comme la démission n’en n’ont pas manqué.
Enfin, si, dans Klerusblatt, le pape émérite rend des hommages appuyés à son successeur, on ne peut pas ne pas lire aussi la visite de ce lundi après-midi comme un hommage du pape François à son prédécesseur.
Et ce qu’ils se sont dit restera leur secret. Aucune communication sur le contenu, c’est l’habitude, depuis ce 23 mars 2013 où l’hélicoptère du pape François s’est posé à Castelgandolfo.
« Ecouter et apprendre » des victimes, mais aussi « assister et protéger », ce sont les points névralgiques qui ont guidé la 10e Assemblée plénière de la Commission pontificale pour la protection des mineurs (PCPM) qui a eu lieu à Rome, du 4 au 7 avril 2019. Au centre de cette rencontre : les victimes, avec notamment le témoignage d’une mère originaire d’Afrique subsaharienne, abusée par un membre du clergé lorsqu’elle était enfant.
Ce témoignage « indélébile », précise la note de conclusion des travaux, « fait partie de l’engagement constant de la Commission à concentrer tous ses efforts dans l’écoute attentive de la réalité vécue par ceux qui ont subi des abus dans l’Eglise ».
« Il y a beaucoup à faire »
En ouverture des travaux, le président de la PCPM, le cardinal Séan Patrick O’Malley, a exprimé l’appréciation du pape François pour l’aide apportée par la Commission au Sommet mondial sur les abus au Vatican (février 2019) et aux nouvelles lignes-guides et normes du Vatican. Pour les membres de la PCPM, la rencontre des présidents des Conférences épiscopales du monde a permis « la prise de conscience tangible du rôle critique de la vie et de la mission de l’Eglise dans le cadre de la protection des mineurs » mais elle a aussi « montré qu’il y a beaucoup à faire ».
Le communiqué énumère les projets de la Commission, parmi lesquels la création d’un Virtual Survivor’s Advisory Panel (SAP), pour apprendre des personnes victimes et orienter l’action en fonction d’elles ; une journée d’étude avec des experts internationaux sur les crimes sexuels et leurs conséquences ; un instrument d’audit pour soutenir les Eglises locales dans la lutte contre les abus ; l’évaluation des programmes de protection des mineurs dans les écoles catholiques.
En outre, un séminaire international sur le thème « Confidentialité et transparence » – axé notamment sur le droit canonique – est prévu en décembre 2019, ainsi qu’un « Symposium Latino-américain sur les systèmes de protection dans les Eglises et dans les sociétés civiles », avec de nombreux réseaux du sous-continent, en Colombie.
Les groupes de travail de la PCPM ont également poursuivi un dialogue avec les dicastères de la Curie romaine concernés par cette lutte : les Congrégations pour la doctrine de la foi, pour la vie consacrée, pour le clergé et pour les évêques, le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie.
« Cela fait partie de la vie de douter… N’ayez pas peur des doutes, n’ayez pas peur de douter », a lancé le pape François à des jeunes d’une paroisse romaine, le 7 avril 2019. Mais il a invité à « miser sur une chose : la fidélité de Jésus. Jésus est fidèle, il est l’unique qui soit totalement fidèle ».
En visitant la paroisse San Giulio de Rome dans l’après-midi, le pape y a rencontré les jeunes. « On ne peut jamais sortir tout seul de son doute, leur a-t-il dit. Il faut la compagnie de quelqu’un qui t’aide à avancer, c’est pour cela qu’il est important d’être toujours en groupe, ensemble, avec ses amis… Cela nous aide aussi de parler de nos doutes avec nos parents ou avec nos amis ou avec un catéchiste. »
Le pape a aussi encouragé à « parler de ses doutes à Jésus ». Même « être en colère avec Jésus peut aussi être une manière de prier », a-t-il assuré : « Jésus aime voir la vérité de notre cœur. Ne faites pas semblant devant Jésus. Devant Jésus, il faut toujours dire les choses telles que tu les sens. « J’ai ce doute, je n’y crois pas… J’ai celui-ci, cet autre… ». Parler ainsi, c’est une belle prière, et il est tellement patient, il nous attend. »
AK
Paroles du pape François aux jeunes
Merci. Tout le monde, tous les hommes, toutes les femmes, tous les enfants ont des doutes à certains moments, cela fait partie de la vie de douter. Et douter, c’est aussi un peut mettre Dieu à l’épreuve : si c’est vrai qu’il est fidèle, si c’est vrai qu’il nous écoute… Nos doutes viennent, par exemple, quand il y a une maladie dans la famille, ou quand meurt le papa, la maman, le grand-père, la grand-mère, le frère… « Seigneur, pourquoi ? ». Des doutes surviennent, toujours. À ce moment-là, nous devons miser sur une chose : la fidélité de Jésus. Jésus est fidèle, il est l’unique qui soit totalement fidèle. Nous sommes fidèles envers nos amis, mais parfois, nous ne sommes pas fidèles entre nous. Jésus, lui, toujours. C’est une fidélité qui ne déçoit jamais, tôt ou tard, le Seigneur se fera sentir. N’ayez pas peur des doutes, n’ayez pas peur de douter. Je doute, mais ce doute, je peux le partager avec les autres, discuter, et ainsi grandir. N’ayez pas peur. Toi, qui es responsable des confirmands, apprends-leur à bien douter, parce que s’ils n’apprennent pas à douter, ils feront de la Confirmation ce que disent certains Romains : le « sacrement de l’adieu ». Après la Confirmation, tous mes vœux et nous ne nous revoyons plus… Et ils s’en vont, parce qu’ils ne savent pas comment gérer leurs doutes. Toi, en revanche, en tant que responsable, apprends-leur à bien douter et à chercher des réponses fortes, vraies, à leurs doutes, tu les prépares pour que la Confirmation ne soit pas le sacrement de l’adieu, mais le sacrement de la force, que nous donne l’Esprit Saint. Je ne sais pas si j’ai répondu… ou si tu veux que je dise quelque chose d’autre…
(…)
J’ai eu beaucoup de doutes, beaucoup, beaucoup. Face aux catastrophes, mais aussi aux choses qui m’étaient arrivées, dans ma vie. Comment j’ai réussi à en sortir… Je crois que ne n’en suis pas sorti tout seul, on ne peut jamais sortir tout seul de son doute. Il faut la compagnie de quelqu’un qui t’aide à avancer, c’est pour cela qu’il est important d’être toujours en groupe, ensemble, avec ses amis… Tout seul, tu ne peux jamais. Cela nous aide aussi de parler de nos doutes avec nos parents ou avec nos amis ou avec un catéchiste… Mais toujours en parler avec un autre. Et puis parler de ses doutes à Jésus. Parfois, j’ai entendu dire : « Moi, je ne parle pas avec Jésus parce qu’il a ruiné ma vie. Je suis en colère contre Jésus… ». Mais être en colère avec Jésus peut aussi être une manière de prier ; c’est dire à Jésus : « Regarde cela, cela me met en colère… ». Jésus aime voir la vérité de notre cœur. Ne faites pas semblant devant Jésus. Devant Jésus, il faut toujours dire les choses telles que tu les sens. « J’ai ce doute, je n’y crois pas… J’ai celui-ci, cet autre… ». Parler ainsi, c’est une belle prière, et il est tellement patient, il nous attend.
Il y a quelques jours, j’ai reçu une lettre d’un jeune qui avait une trentaine d’années et il me disait qu’après une expérience de fiançailles rompues, il était rempli d’angoisse. Il me disait ceci : « Je suis brisé ». Bien souvent, nous nous sentons comme cela, anéantis à l’intérieur, complètement détruit, avec le grand doute total : que puis-je faire ? Regarde Jésus, plains-toi auprès de lui et cherche un ami, une amie qui t’aide à te relever. Toujours, même quand nous sommes tombés – et dans la vie, nous avons tous des chutes, nous en avons tous – nous devons aider celui qui est tombé à se relever. Et pensez que le seul moment où il est permis de regarder quelqu’un de haut en bas, c’est pour l’aider à se relever, sinon on ne peut pas regarder avec supériorité. Enseigne aussi cela ! Merci.
Prière, charité des faits et charité passive. Ce sont les trois « signaux » qui montrent « qu’une paroisse se porte bien », a assuré le pape François lors de sa visite à la nouvelle église San Giulio de Rome, dans le quartier résidentiel de Monteverde, au sud du Vatican, le 7 avril 2019.
Le premier signal, a-t-il expliqué en rencontrant les membres de Caritas et les personnes aidées, « est la prière » : « une paroisse qui prie, les gens viennent prier et prient aussi chez eux. C’est le premier signal ».
« Ici, est-ce qu’on prie ou non ? a-t-il demandé. C’est une des choses qui évitent de tomber dans ce ‘supermarché’ dont nous avons entendu parler. Parce que la prière transforme tout, tout. »
Le deuxième signal, a ajouté le pape, « c’est la charité des faits, ce que vous faites. Se préoccuper des besoins de ses frères, de ses sœurs, des familles… Y compris les besoins cachés, que l’on ne montre pas par honte, mais ils existent, il y en a beaucoup… une charité active, la charité du ‘oui’ : ‘oui, je fais cela’, du ‘oui’, active ».
« Et le troisième, a-t-il conclu, est la charité passive. Que signifie ‘charité passive’ ? Que vous vous aimiez et ne vous critiquiez pas entre vous. C’est une maladie trop grave, le ragot, et quand il y a des ragots dans une paroisse, la paroisse ne va pas bien. C’est un vice qui entre, qui entre subtilement : apporter une nouvelle pour dire du mal des autres… Non, s’il vous plaît, cela ne va pas. »
« Qui vend des armes a sur la conscience la mort d’enfants »: le pape François n’a pas mâché ses mots en répondant spontanément aux questions des jeunes, des enseignants, des familles du collège San Carlo de Milan.
L’institution catholique fête ses 150 ans: le pape les a quelque 2 600 personnes du collège au Vatican samedi matin, 6 avril 2019, accompagnés de Mgr Paolo Martinelli, évêque auxiliaire de Milan.
Fondé en 1869, le collège accueille aujourd’hui quelque 1 950 étudiants, grâce à 220 professeurs. Il a eu parmi ses étudiants Achille Ratti, qui deviendra le pape Pie XI. Le recteur le p. Alberto Torriani, a rappelé dans son allocution que pendant l’Occupation le collège a été le refuge de persécutés.
Missionnaire quelques semaines au Pérou, Adriano, un étudiant en dernière année à San Carlo a rencontré la misère: enfants séquestrés, trafic d’organes. « Pourquoi? », demande-t-il au pape. Le pape François a rappelé la question de Dostoïevski: « Pourquoi les enfants souffrent-ils? » avant d’ajouter: « Il y a des questions qui n’auront pas de réponses. Il n’y a pas de réponses toutes faites (…). Les questions qui n’ont pas de réponses font grandir dans le sens du mystère. »
Un système économique injuste
Il a ajouté que les différences entre les personnes ce n’est pas Dieu qui les faits, mais « nous, avec un système économique injuste, nous faisons que les enfants sont affamés ».
Puis le pape feint une objection: « Ah! Pape François, pourrait-on me dire, je ne savais pas vous étiez communiste!… Non! Cela c’est ce que Jésus nous a enseigné. Et quand nous irons devant lui, il nous dira: Merci parce que j’étais affamé et tu m’as donné à manger. Et à ceux qui, par ce système font mourir de faim les enfants et les gens, il dira: Non, toi, vas-t-en parce que j’étais affamé et tu ne m’as pas regardé. C’est bon, pour cette question des différences d’aller à ce protocole sur lequel nous serons jugés, Matthieu 25. C’est nous qui faisons les différences. »
« Nous vendons des armes »
Le pape a évoqué la question de la paix: « Je suis sûr que vous voulez tous la paix. « Et pourquoi, père, y a-t-il tant de guerres? » Au Yémen, ou en Syrie, en Afghanistan, les pays de guerre… Pourquoi? S’ils n’avaient pas d’armes, ils ne feraient pas la guerre. Mais pourquoi font-ils la guerre? Parce que nous, la riche Europe, l’Amérique, vendons des armes, pour tuer des enfants, pour tuer les gens, c’est nous qui faisons les différences! Et vous devez le dire clairement, en face, et sans peur. »
« Sur la conscience d’un peuple qui fabrique les armes et les vend, il y a la mort de tout enfant, de toute personne, il y a la destruction des familles », insite le pape qui déplore l’existence dans le monde de 900 millions de mines terrestres anti-personnel: « Quand un pauvre paysan ira travailler la terre, il mourra, ou il restera mutilé. Cel, ce n’est pas Dieu qui ‘a fait: tu l’as fait, nous, ma patrie, mon pays ».
Le pape a cité l’exemple d’un jeune ingénieur qui a témoigné au synode d’octobre 2018: il avait gagné un concours. Mais il se retrouve dans une entreprise qui fabrique des armes, mais il n’a pas voulu mettre son intelligence à faire quelque chose qui aurait tué des gens. Il a renoncé.
Le pape a conclu: « Voilà les jeunes courageux dont nous avons besoin. »
Le harcèlement à l’école
Puis il a à son tour posé une question aux jeunes sur la paix, mais à l’école: « Parlons de l’école, de ta classe. Quand arrive un enfant, un jeune, peut-être un peu rond, qui ne sait pas jouer, qui est-ce qui invente et organise le harcèlement? C’est Dieu? C’est vous! Et à caque fois que vous faites du harcèlement, , à chaque fois, vous faites par ce geste une déclaration de guerre. Nous avons tous en nous la semence de la destruction des autres. Parce que nous avons toujours cette tendance à faire des différences et à nous enrichir de la pauvreté des autres? »
L’identité, le patriotisme
Le pape a ensuite répondu aux questions de professeurs et de parents. Notamment sur la capacité au dialogue: pas de dialogue possible si’ l’on n’a pas une « identité », des « racines », notamment grâce aux personnes âgées.
Il a encouragé l’éducation à la rencontre avec les autres qui sont différents: « Nous ne sommes pas des champignons nés tout seuls, nous sommes nés en famille, dans un peuple… et si souvent la culture « liquide » nous fait oublier que nous appartenons à un peuple. »
Le pape a notamment déploré le manque de « patriotisme »: « le patriotisme, ce n’est pas aller chanter l’hymne national, ou rendre les honneurs au drapeau. Le patriotisme c’est l’appartenance à une terre, à une histoire, à une culture… voilà l’identité. Identité signifie appartenance. On ne peut pas avoir d’identité sans appartenance. Si je veux savoir qui je suis, je dois me poser la question: à qui est-ce que j’appartiens? »
La mafia, ce n’est pas une invention des nigérians…
Faisant comprendre que l’éducation à la rencontre est importante, le pape François a fait observer que tous peuvent devenir délinquants et que dans tous les pays il y a des délinquants: la mafia, ce n’est pas une invention des nigérians… a fait observer le pape à propos de l’immigration. Il a invité à « ne pas avoir peur des migrants ».
« L’Europe aussi a été faite par les migrants. Les migrants, les barbares, les celtes, tous ceux qui venaient du Nord, et ont apporté leurs cultures… Mais attention, aujourd’hui, il y a la tentation de faire une culture des murs, de bâtir des murs, des murs dans le coeur, des murs sur la terre, pour empêcher cette rencontre avec les autres cultures, avec les autres peuples. Qui construit un mur finira esclave à l’intérieur des murs qu’il aura construits, sans horizons. Parce que ce qui manque c’est l’altérité. »
Puis le pape évoque le racisme: « Si j’ai un coeur raciste je dois bien examiner en moi pourquoi et me convertir ».
Indifférence et intégrisme: du relativisme!
Puis le pape a répondu à la question de « la tyrannie de l’indifférence » en pointant la cause: le « relativisme »: il y voit la racine des intégrismes et des fondamentalismes.
« La culture de l’indifférence, a dit le pape, est une culture qui n’est pas créative. Elle ne te fait pas grandir. Au contrire, la culture doit toujours s’intéresser aux valeurs, à l’histoire des autres. Cette culture de l’indifférence a tendance à éteindre la personne en tant qu’être autonome, pensant, pour la soumettre et la suffoquer. Faites attention à cette culture de l’indifférence. C’est de là que découlent les intégrismes, les fondamentalismes et l’esprit sectaire. Ce à quoi nous devons penser c’est à une culture ouverte, qui permette de regarder l’étranger, le migrant, celui qui appartient à une autre culture comme un sujet à écouter, considéré et apprécié. »
Puis le pape a recommandé aux enseignants et aux familles d’éduquer les jeunes non pas à « occuper des places » mais à mettre en route des processus dans le temps, avec cette règle que le temps « est supérieur à l’espace ».
Le pape a souligné l’importance d’éduquer les jeunes « ensemble », en groupes, pas « seuls »: qu’ils se soutiennent mutuellement.
Enfin, aux parents confrontés au départ des enfants avec la solitude du « nid vide », le pape leur a fait observer que cette solitude qui fait souffrir est cependant féconde: ils en verront les fruits, dans leurs enfants d’abord.
La révolution numérique a créé des possibilités de développement inédites, souligne Mgr Jurkovic. Cependant, déplore-t-il, « le fossé du commerce électronique est important entre les pays développés et la grande majorité des autres. Afin d’assurer « un partage juste et équitable de ces avantages », Mgr Jurkovic plaide pour « un accès accru à l’internet rapide, abordable et fiable, ainsi qu’une connectivité de dernier kilomètre dans les zones rurales et moins peuplées », des investissements dans les infrastructures TIC et des « cadres politiques et des réglementations plus efficaces ».
Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations Unies et d’autres organisations internationales à Genève (Suisse), est intervenu auprès du Groupe intergouvernemental d’experts de la CNUCED sur le commerce électronique et l’économie numérique, le 3 avril 2019.
« Notre intérêt commun, a exhorté le représentant du Saint-Siège, est d’élaborer ensemble une réglementation mondiale, multilatérale et durable qui permettra l’inclusion des populations marginalisées dans le marché numérique ». C’est pourquoi, il a appelé de ses vœux une « gouvernance du commerce électronique » qui garantisse « la protection des consommateurs et des producteurs, grâce à des règles et des normes transparentes qui rendent le commerce plus juste et équitable ».
Voici notre traduction du discours de Mgr Jurkovic, prononcé en anglais.
HG
Discours de Mgr Ivan Jurkovic
Monsieur le Président,
D’emblée, je tiens à vous féliciter pour votre élection et à remercier le Secrétariat pour son travail préparatoire à la session, ainsi que pour le rapport.
La révolution numérique a créé des possibilités de développement que l’on croyait autrefois impossibles. Le commerce est de plus en plus numérisé et les flux de données transfrontières deviennent de plus en plus importants pour les transactions internationales. Les progrès techniques continuent d’avoir des effets spectaculaires sur le commerce. Alors que la signification traditionnelle du commerce était essentiellement liée aux biens, les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont permis aujourd’hui le commerce d’un grand nombre de services, tant financiers que techniques et professionnels. De ce point de vue, il est clair que la mondialisation et la numérisation ne sont pas indépendantes l’une de l’autre.
La technologie a remodelé les chaînes de valeur et les modèles commerciaux mondiaux. Les activités touchées par la numérisation vont au-delà du commerce en ligne et de la coordination de la chaîne d’approvisionnement ; elles font appel aux technologies de l’information et des communications (TIC) pour l’intégration d’un plus large éventail d’activités dans des systèmes uniques, ce qui rend les chaînes de valeur de plus en plus axées sur les données. La croissance explosive des TIC et de l’économie numérique transforme les économies à un rythme sans précédent. Selon certaines estimations, environ 500 milliards d’appareils de « l’Internet des objets » seront utilisés d’ici 2030. (1) Le commerce électronique mondial est passé de 19,3 billions de dollars en 2012 à 27,7 billions de dollars en 2016, à une époque où la production et le commerce mondiaux ont augmenté très lentement. (2) La tendance devrait se poursuivre dans les années à venir. La numérisation transformera davantage les choses que nous faisons et la façon dont nous les faisons. Toutefois, le fossé du commerce électronique est important. Alors que 60 à 80 % de la population de nombreux pays développés achètent déjà en ligne, la part équivalente dans la plupart des pays du monde est inférieure à 3 %.
L’utilisation sans cesse croissante des robots, l’automatisation, l’émergence de produits, de services et de modèles d’affaires entièrement nouveaux créeront des opportunités pour les entrepreneurs et les entreprises, tout en apportant des avantages substantiels aux consommateurs. Dans le même temps, cette tendance perturbera les pratiques existantes dans de nombreux domaines, modifiant les besoins en compétences des travailleurs et entraînant malheureusement des pertes d’emplois. Pour progresser, les gens devront acquérir de nouvelles compétences et connaissances, et les pays devront mettre à jour leurs politiques pour protéger les utilisateurs en ligne. Les petites entreprises seront particulièrement vulnérables à l’évolution de l’environnement commercial.
L’évaluation de l’utilisation et de l’impact plus larges de ces nouvelles technologies, en particulier dans le cadre du Plan d’action 2030 pour le développement, ne devrait pas être dissociée de l’environnement économique dans lequel elles sont instanciées. La connectivité numérique peut contribuer à accélérer la réalisation de l’Agenda 2030. En outre, les TIC offrent des moyens nouveaux et plus automatisés de suivre et d’évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et permettent de prendre des décisions fondées sur des données probantes.
Si les nouvelles technologies numériques peuvent donner un nouvel élan à la création de revenus dans les pays en développement, elles présentent aussi des défis en raison de la possibilité d’un contrôle monopolistique accru dans certains domaines et des conséquences de la recherche de rentes par les entreprises sur la répartition des revenus.
Un accès accru à l’internet rapide, abordable et fiable, ainsi qu’une connectivité de dernier kilomètre dans les zones rurales et moins peuplées, réduiraient les disparités d’accès à l’internet et ouvriraient des possibilités de commerce électronique à davantage de segments de la population. Un partage des infrastructures entre les opérateurs et des processus d’octroi de licences concurrentiels avec les opérateurs privés devraient être encouragés pour aider à couvrir les zones moins peuplées ; en outre, les gouvernements pourraient offrir des incitations pour attirer des capitaux privés. Une telle réalisation démocratiserait les possibilités en permettant aux consommateurs et aux producteurs d’acheter et de vendre ce qu’ils veulent, à qui ils veulent et de qui ils veulent, rendant le commerce plus inclusif. Cela leur donne également une plus grande liberté de choix pour effectuer leurs transactions à moindre coût, ce qui rend le commerce beaucoup plus compétitif.
Les investissements dans les infrastructures TIC pourraient constituer un outil de croissance et d’appui sans exclusive et contribuer à accroître sensiblement les exportations des pays en développement, en particulier en doublant la part des exportations mondiales des pays les moins avancés d’ici 2020 (objectif 17 : cible 11).
L’expérience des avantages de la transition vers un monde numérique dépend évidemment d’une infrastructure physique et numérique appropriée, ainsi que des capacités numériques, mais des cadres politiques et des réglementations plus efficaces sont également nécessaires pour assurer un partage juste et équitable de ces avantages. Bien que la stratégie politique précise soit distincte pour chaque pays et qu’elle reflète ses conditions spécifiques, certains principes généraux peuvent fournir un cadre. Les efforts actuels sont tout simplement inadéquats. Ils sont très fragmentés et d’une ampleur insuffisante. Pour qu’un pays soit mieux préparé au commerce électronique, un certain nombre de domaines d’action doivent aborder globalement le développement d’infrastructures TIC abordables, la logistique et la facilitation du commerce, l’environnement juridique et réglementaire, les solutions de paiement, le développement des compétences et le financement de l’entreprenariat, ainsi que le financement de l’innovation du commerce électronique.
Au sein de ce spectre, notre intérêt commun est d’élaborer ensemble une réglementation mondiale, multilatérale et durable qui permettra l’inclusion des populations marginalisées dans le marché numérique. Par conséquent, la gouvernance du commerce électronique doit garantir la protection des consommateurs et des producteurs, grâce à des règles et des normes transparentes qui rendent le commerce plus juste et équitable.
En conclusion, Monsieur le Président,
En examinant les défis actuels et les avantages potentiels pour tous de l’économie des TIC, nous avons devant nous la possibilité unique de passer d’une économie avec de nombreuses inégalités « où l’égoïsme et l’abus de pouvoir ont un énorme potentiel de nuire à la communauté » (3) à un modèle d’économie de l’inclusion.
La délégation du Saint-Siège demande à la CNUCED et à la communauté internationale de prendre au sérieux la responsabilité qui lui incombe de promouvoir un environnement économique international favorable au développement dans lequel chacun puisse tirer parti des avantages potentiels de l’économie numérique. « Il est important que l’éthique joue à nouveau le rôle qui lui revient dans le monde de la finance et que les marchés servent les intérêts des peuples et le bien commun de l’humanité. » (4) Nous attendons avec impatience cette session et espérons que les résultats de cette semaine ouvriront la voie à un système commercial plus équitable et plus inclusif.
Merci, Monsieur le Président.
NOTES
Cisco, 2018, Cisco visual networking index : Prévisions et tendances, 2017-2022, Livre blanc.
C’est à soeur Eugenia Bonetti que le pape François a confié l’écriture des méditations du Chemin de Croix du Colisée: l’événement sera diffusé par les télévisions en mondovision, vendredi 19 avril, à 21h15.
La religieuse italienne, de 80 ans, est connue pour son engagement contre les esclavages modernes, spécialement l’esclavage des femmes exploitées sexuellement: elle a reçu, entre autres, le Prix international Femme de courage 2007 et le Prix de la Citoyenneté européenne en 2013, justement « pour son engagement contre la traite des êtres humains ». Les statistiques officielles parlent de 30 millions d’esclaves dans le monde.
Ancienne missionnaire en Afrique pendant quelque 25 ans, sœur Eugenia a créé en 2012, avec d’autres religieux et laïcs, l’association « Slaves no more! », « Jamais plus d’esclaves ! », « pour combattre l’esclavage d’aujourd’hui et offrir [aux victimes] l’opportunité de retourner dans leurs pays avec dignité et de commencer une nouvelle vie grâce à un travail de réinsertion, d’assistance, d’aide financière ».
La souffrance des victimes de la traite
Alessandro Gisotti, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a en effet indiqué, ce vendredi 5 avril 2019 que « le Pape François a choisi, cette année, de confier la préparation des textes du Chemin de croix du Vendredi saint au Colisée à Sœur Eugenia Bonetti, missionnaire de l’Ordre de la Consolata, présidente de l’Association « Slaves no more ». »
Il précise le thème des méditations: « Au centre des méditations : la souffrance des nombreuses personnes victimes de la traite des êtres humains ».
Sœur Eugenia Bonetti est engagée dans cette lutte depuis le 2 novembre 1993 – date de sa première rencontre avec une victime de la traite – d’abord à Turin, puis à Rome depuis l’an 2000.
Dans un entretien à Zenit, elle confiait, il y a quelques temps: « Personne ne peut et ne doit se sentir étranger ou indifférent face à tant de souffrance, tant d’exploitation et de destruction de personnes innocentes et sans défense ».
Vie religieuse et missionnaire
Elle voit dans cette lutte la réalisation de la vocation des consacrés: « Notre espoir est de pouvoir créer un réseau, de travailler ensemble pour venir en aide à toutes ces personnes, traitées comme des esclaves, qui attendent encore d’être libérées de leurs chaînes. Ce n’est que comme cela que notre vie religieuse et missionnaire pourra exprimer pleinement son rôle prophétique dans le monde d’aujourd’hui ».
A Radio Vatican elle avait confié que parmi les formes d’esclavages, « la plus terrible, est l’esclavage sexuel chez les femmes et les enfants mineurs, mais aussi l’esclavage pour le travail, celui de la mendicité, des organes, des enfants soldats ».
Elle parlait de rapatriement accompagnés des personnes arrachées à la traite: « Nous réalisons ces rapatriements assistés à travers un projet de réintégration sociale et de travail, en collaboration avec l’USMI et avec la Caritas italienne, et grâce aux fonds que nous recevons de la Conférence épiscopale italienne « .
Pour la religieuse, « ce sont vraiment les clients qui favorisent, alimentent et soutiennent la prostitution ». Elle appelle à travailler pour « se ré-approprier une culture de respect, de dignité, de relation » afin de « redonner à ces personnes la dignité, la liberté, l’identité et l’égalité ».
COMMUNIQUE FINAL ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DES ÉVÊQUES DE FRANCE 2-5 AVRIL 2019
L’Assemblée plénière de la Conférence des évêques de France (CEF) s’est achevée ce vendredi 5 avril. Réunis à huis clos depuis le mardi 2 avril à Lourdes, les évêques de France ont travaillé sur différents sujets.
Discours d’ouverture Dans son discours d’ouverture, Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, a souligné la situation douloureuse dans laquelle se trouve aujourd’hui l’Eglise et ses différents membres. Il a aussi relevé les contextes troublés dans notre pays et les incertitudes européennes et internationales. Insistant sur la fraternité à cultiver, Mgr Georges Pontier a invité à l’espérance qui se fonde sur la parole du Christ. Il nous a invités à emprunter le chemin de la foi à la suite du Christ, « chemin de vie et de bonheur ».
Les évêques ont commencé ensuite leur rencontre par un échange sur l’actualité de l’Église et de la société.
Intelligence artificielle Une part importante de leurs travaux a porté sur l’intelligence artificielle. Quatre forums ont d’abord permis aux évêques d’échanger après avoir entendu les interventions d’experts sur les thèmes : « Une intelligence artificielle à l’usine : cinq histoires », « Que peut attendre la médecine de l’intelligence artificielle », « L’usage de l’intelligence artificielle et le droit », « Industrie 4.0 ; le mythe de la ré-industrialisation ». Lors de deux séquences plénières, ils ont entendu les exposés de Jean-Gabriel Ganascia (fin de l’humanité et/ou renouveau des humanités et de l’humanisme à l’heure du numérique et de l’intelligence artificielle) et de Pierre Giorgini (La crise de la joie. Ces métamorphoses qui pourraient sauver le monde).
Lutte contre la pédophilie Les évêques ont fait un point sur la lutte contre la pédophilie lors de deux séquences. Ce fut l’occasion pour Mgr Georges Pontier de rapporter les enseignements et interpellations entendues lors de la Rencontre sur la protection des mineurs (présidents de Conférences épiscopales du monde réunis par le Pape François au Vatican du 21 au 24 février 2019). Mgr Luc Crepy, président de la Cellule permanente de lutte contre la pédophilie, a fait un bilan des travaux de la cellule, insistant notamment sur la persévérance à garder, la vigilance à exercer et la confiance à accroître. Mgr Eric de Moulins-Beaufort enfin a décrit l’avancement des travaux sur les quatre domaines décidés lors de l’Assemblée plénière de novembre 2018 : le travail mémoriel, la prévention, le geste financier envers les personnes victimes et l’accompagnement des clercs coupables.
Dans chacune de leurs interventions et sur chaque thématique traitée, les évêques intervenants ont insisté sur le rôle que devaient avoir les personnes victimes pour l’avancée des travaux.
La possibilité de pouvoir présenter des dispositifs à l’Assemblée de novembre a été soulevée. Ces séquences ont aussi été l’occasion d’échanges et de questionnements entre les évêques.
Christus vivit Après le synode des évêques sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel (octobre 2018), les journées mondiales de la jeunesse de Panama (janvier 2019), est parue l’exhortation apostolique Christus vivit (Il vit, Christ !) le 2 avril 2019. Mgr Laurent Percerou, Président du Conseil pour la pastorale des enfants et des jeunes (CPEJ) et Mgr Bertrand Lacombe, membre du CPEJ, ont présenté l’exhortation et les enjeux que le Pape François y pose pour l’Église. Le Père Vincent Breynaert, directeur du Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations, a présenté douze pistes d’orientation pastorale.
Avenir des églises Le groupe de travail animé par Mgr Jacques Habert sur « les églises, un nouvel enjeu pastoral » a proposé aux évêques une réflexion sur l’avenir des églises. Madame Anne-Violaine Hardel, directrice juridique de la CEF et Madame Maud de Beauchesne, responsable du Département d’art sacré de la CEF, ont abordé deux questions : celle de l’élargissement de l’utilisation des églises et celle de la désaffectation. Dans le contexte actuel, les évêques souhaitent réfléchir au sujet délicat de l’entretien des églises (d’avant 1905) dont la charge devient de plus en plus lourde pour les communes et dont la desserte de plus en plus problématique pour l’Église.
Unité du presbytérium Issu d’une demande du Comité études et projets, le groupe de travail sur l’unité du presbyterium, présidé par Mgr Jean-Louis Balsa, a fait état de la synthèse du travail en Province qui avait été demandé. Il en ressort notamment que « l’essoufflement des prêtres » met en péril l’unité du presbyterium et qu’il appelle au développement d’une pastorale de la rencontre et à une accentuation de la vie spirituelle. La diversité des provenances des prêtres soulève l’enjeu de cultiver une théologie de l’Eglise locale marquant l’appartenance à un peuple et celui de considérer le diocèse comme une terre d’aventure et de mission. Les questions spécifiques du ministère des prêtres dans les communautés nouvelles et les préfigurations qu’elles peuvent constituer ont aussi été abordées. A été soulignée la nécessité de porter une vision et des projets diocésains pour susciter des formes nouvelles du ministère presbytéral. Enfin, le rôle majeur de l’évêque comme clef de voûte du presbyterium a été réaffirmé.
Ratio nationalis Depuis 18 mois, la Commission épiscopale pour les ministres ordonnés et les laïcs en mission ecclésiale (CEMOLEME) travaille à l’écriture d’une ratio nationalis (complément pour l’Eglise de France de la ratio fundamentalis parue en 2017).
Après le rapport d’étape effectué à l’Assemblé plénière de novembre 2018, un travail en Province a été lancé. Il est en cours. Tout en faisant un état des séminaires et lieux de formation en France, la CEMOLEME synthétise les questions remontant des provinces et des équipes de formateurs en vue de la rédaction de la ratio nationalis. Au nombre de ces questions, on trouve, par exemple, celles concernant la pastorale des vocations, les propédeutiques, les critères de discernement, le fonctionnement du Conseil et le rôle du supérieur…
Économie et finances Lors d’une séquence consacrée aux questions économiques et financières, les évêques ont été notamment sensibilisés à la nouvelle démarche prospective à 5 ans sur les finances diocésaines ; démarche visant à optimiser la gestion financière.
Votes et élections Au cours de cette assemblée, se sont déroulées plusieurs élections dont :
La présidence de la CEF
Ont été élus (pour une prise de fonction au 1er juillet 2019) :
Président de la CEF, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims ;
Vice-président de la CEF, Mgr Dominique Blanchet, évêque de Belfort-Montbéliard ;
Vice-président de la CEF, Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Amiens.
Des membres du Conseil permanent (pour une prise de fonction au 1er juillet 2019) : pour un deuxième mandat de 3 ans :
Mgr Jean-Pierre BATUT, évêque de Blois, représentant un diocèse de moins de 500 000 habitants ;
Mgr Philippe MOUSSET, évêque de Périgueux et Sarlat, évêque ayant entre 5 et 10 ans d’ancienneté dans l’épiscopat ;
Mgr Pascal WINTZER, archevêque de Poitiers, représentant un diocèse de 500 000 à 1 million d’habitants.
pour un premier mandat de 3 ans :
Mgr Jean-Marc EYCHENNE, évêque de Pamiers, évêque ayant moins de 5 ans d’ancienneté dans l’épiscopat ;
Mgr Dominique LEBRUN, archevêque de Rouen, évêque ayant plus de 10 ans d’ancienneté dans l’épiscopat ;
Mgr Matthieu ROUGÉ, évêque de Nanterre, représentant un diocèse de plus d’1 million d’habitants.
Présidence de Comité, Commissions et Conseils
Ont été élus :
Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, président du Comité étude et projet pour un premier mandat ;
Mgr Laurent Camiade, évêque de Cahors, Président de la Commission doctrinale pour un premier mandat ;
Mgr Vincent Jordy, évêque de Saint Claude, Président de la commission épiscopale pour la catéchèse et le catéchuménat, pour un premier mandat ;
Mgr Denis Moutel, évêque de Saint Brieuc, Président de la Commission financière et du Conseil pour les affaires économiques, sociales et juridiques ;
Mgr François Fonlupt, évêque de Rodez, Président du Conseil pour les mouvements et associations de fidèles ;
Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint Denis, Président du Conseil pour la solidarité ;
Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille, Président du Conseil pour l’enseignement catholique.
Membres de comité et commissions
Ont été élus :
Mgr Bruno Valentin, évêque auxiliaire de Versailles, membre du Comité études et projets ;
Mgr Benoît Bertrand, évêque de Mende, membre de la Commission doctrinale ;
Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque de Montpellier, membre de la Commission doctrinale ;
Mgr Alexandre Joly, évêque auxiliaire de Rennes, membre de la Commission doctrinale ;
Mgr Jean Legrez, archevêque d’Albi, membre de la Commission doctrinale.
Observatoire foi et culture
A été réélu :
Mgr Hubert Herbreteau, évêque d’Agen, pour un second mandat.
Par ailleurs, les évêques ont approuvé par vote :
Que soit érigé l’Institut supérieur de sciences religieuses de Toulouse.
France: élection du « Conseil permanent » des évêques
LES MEMBRES ÉLUS AU CONSEIL PERMANENT DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE
L’Assemblée plénière d’avril 2019 a été l’occasion, pour les évêques, de procéder à la réélection de membres du Conseil permanent et à l’élection de nouveaux membres. Après avoir élu la présidence de la Conférence des évêques de France, les évêques ont donc réélu ou élu les membres suivants :
Sont élus pour un deuxième mandat de 3 ans :
Mgr Jean-Pierre BATUT Évêque de Blois, représentant un diocèse de moins de 500 000 habitants ;
Mgr Philippe MOUSSET Évêque de Périgueux et Sarlat, évêque ayant entre 5 et 10 ans d’ancienneté dans l’épiscopat ;
Mgr Pascal WINTZER Archevêque de Poitiers, représentant un diocèse de 500 000 à 1 million d’habitants ;
Sont élus pour un premier mandat de 3 ans :
Mgr Jean-Marc EYCHENNE Évêque de Pamiers, évêque ayant moins de 5 ans d’ancienneté dans l’épiscopat ;
Mgr Dominique LEBRUN Archevêque de Rouen, évêque ayant plus de 10 ans d’ancienneté dans l’épiscopat ;
Mgr Matthieu ROUGÉ Évêque de Nanterre, représentant un diocèse de plus d’1 million d’habitants.
Ces membres élus prendront leur fonction à partir du 1er juillet 2019, le Conseil permanent sera alors composé des membres suivants :
Mgr Éric de MOULINS-BEAUFORT, Archevêque de Reims, président de la CEF Mgr Dominique BLANCHET, Évêque de Belfort-Montbéliard, vice-président de la CEF Mgr Olivier LEBORGNE, Évêque d’Amiens, vice-président de la CEF Mgr Michel AUPETIT, Archevêque de Paris et membre de droit du Conseil permanent Mgr Jean-Pierre BATUT, Évêque de Blois Mgr Jean-Marc EYCHENNE, Évêque de Pamiers Mgr Dominique LEBRUN, Archevêque de Rouen Mgr Philippe MOUSSET, Évêque de Périgueux et Sarlat Mgr Matthieu ROUGÉ, Évêque de Nanterre Mgr Pascal WINTZER, Archevêque de Poitiers
Pour mémoire, le Conseil permanent actuel (en fonction jusqu’au 30 juin) :
Mgr Georges PONTIER, Archevêque de Marseille, président de la CEF Mgr Pierre-Marie CARRÉ, Archevêque de Montpellier, vice-président de la CEF Mgr Pascal DELANNOY, Évêque de Saint-Denis, vice-président de la CEF Mgr Michel AUPETIT, Archevêque de Paris Mgr Jean-Pierre BATUT, Évêque de Blois Mgr François FONLUPT, Évêque de Rodez Mgr Stanislas LALANNE, Évêque de Pontoise Mgr Philippe MOUSSET, Évêque de Périgueux Mgr Benoît RIVIÈRE, Évêque d’Autun Mgr Pascal WINTZER, Archevêque de Poitiers
Le Conseil permanent est l’organisme qui reçoit délégation de l’assemblée pour :
Veiller à l’exécution des décisions prises par l’assemblée
Assurer la continuité de l’action pastorale d’une assemblée à l’autre
Assurer la coordination du travail des instances de la Conférence
Nommer les secrétaires généraux adjoints, les directeurs des services nationaux et certains aumôniers nationaux
Étudier les questions urgentes qui n’exigent pas une décision de l’assemblée
Préparer les sessions de l’assemblée plénière.
Le Conseil permanent comprend le président et les vice-présidents de la Conférence, l’archevêque de Paris (membre de droit) et six évêques élus (pour un mandat de trois ans renouvelable une fois). Le Conseil permanent se réunit deux à trois jours par mois, de septembre à juin, et plus souvent si nécessaire.
La composition du Conseil Permanent est constituée par un évêque :
D’un diocèse de moins de 500 000 d’habitants
D’un diocèse entre 500 000 et 1 million d’habitants