Dân Chúa Âu Châu

Aujourd'hui, les projecteurs sur la guerre s'éteignent un peu, certains craignent que le monde ne l'oublie. Quelle est la situation humanitaire dans le pays ?

Humainement parlant, il est compréhensible que les projecteurs s'éteignent un peu dans le monde. Le cardinal Zenari, qui est nonce en Syrie, m'a également dit quelque chose de similaire : la situation là-bas continue d'être dramatique, mais le monde n'en parle plus. Ici, en Ukraine, il y a des familles déplacées qui me disent combien il est difficile de vivre comme ça et qui essaient de comprendre s'il est possible de retourner chez elles et de dire : "Nous allons y retourner". Et ce alors qu'il y a souvent des familles qui passent la nuit dans leur voiture depuis des mois. Ils ne veulent pas partir à l'étranger et espèrent toujours pouvoir rentrer chez eux. Il est difficile de vivre sans nourriture suffisante, sans travail, sans maison, en passant les nuits dans la voiture, parce que même malgré tant d'initiatives humanitaires et tant d'aides, il n'est pas possible de répondre aux besoins de tous, parce que les chiffres sont élevés et l'engagement est très grand. Il y a donc ce problème de vivre dans des conditions difficiles en se sentant seul. C'est pourquoi le Saint-Père répète à chaque occasion que, au moins dans la prière, au moins avec le cœur, le monde ne doit pas oublier tant de familles qui traversent des moments si difficiles. Et cela ne concerne pas seulement l'Ukraine mais aussi d'autres pays. Même de nombreux journalistes me disent que ceux qui ne sont pas sur place ont du mal à comprendre le caractère dramatique de la situation. Et je tiens à exprimer ma reconnaissance aux nombreux journalistes qui se rendent dans des endroits très risqués, comme Mykolaiv, Odessa, Zaporijia, pour voir de leurs propres yeux à quoi ressemble la vie là-bas.

Vous serez à Odessa, d'où sont partis les premiers bateaux de céréales. Le Pape François, lors de l'Angélus du 7 août, a déclaré que "cet événement est aussi un signe d'espoir" et a espéré que, "en suivant ce chemin, nous pourrons mettre fin aux combats et parvenir à une paix juste et durable"...

Le Saint-Père n'est pas un politicien, c'est un pasteur. Lorsque le Saint-Père nous invite à croire en la possibilité d'un dialogue, bien qu'ici, en Ukraine, nous comprenions qu'une véritable négociation est vraiment très difficile à prévoir - précisément parce que la situation est si dramatique et que la logique humaine nous dit que, face à une guerre aussi féroce, il est difficile de prévoir que, d'un moment à l'autre... ceux qui ont commencé la guerre, la Russie, changent de position - quand le Pape, disais-je, répète son appel au dialogue, quelque chose qui pour nous semble humainement impossible, si nous sommes des personnes croyantes, nous espérons aussi dans l'impossible et nous confions cet appel, cette prière, non seulement aux hommes mais à Dieu lui-même. Quant aux navires céréaliers qui sont partis, là aussi on voit que c'était une étape très laborieuse, car l'Ukraine ne pouvait pas signer d'accords directs avec la Russie. Des accords ont été signés à différents niveaux entre l'Ukraine et certains partenaires qui, à leur tour, facilitent indirectement les contacts avec la Russie afin d'organiser l'exportation de céréales. Cette étape a donc été franchie de manière très laborieuse, mais comme l'a dit le Pape, c'est quelque chose de positif tant au niveau mondial que local. C'est donc un signe d'espoir. Nous nous accrochons aussi aux petits pas. Parfois, lorsque nous ne pouvons pas, comme par exemple maintenant, trouver des moyens immédiats d'arrêter la guerre, nous nous concentrons sur les aspects humanitaires pour ouvrir une brèche dans les contacts. Il est important de faire tout ce qui est possible, ce qui est à la portée de l'homme, pour qu'une atmosphère, sinon de dialogue, du moins de contact soit établie. Je pense donc que c'est le message le plus important du Saint-Père. 

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