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Les messages de vœux se multiplient pour les dix ans du pontificat de François. Les chefs religieux du monde entier ont envoyé chacun un message au Saint-Père, soulignant ses efforts pour encourager et consolider les dialogues œcuménique et interreligieux.

Ils connaissent tous personnellement et pour certains depuis longtemps le Pape François. Ils entretiennent avec lui plus qu’une relation «professionnelle», une relation fraternelle, au-delà des différences religieuses. C’est le cas du patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée qui parle de son «bien-aimé frère», de leur «amitié» et de leur «collaboration» pour «promouvoir le soin et la guérison pour toute la création de Dieu», thème cher aux deux. Ils partagent, selon le chef orthodoxe, une «conviction commune» et un «engagement de voir le visage et d’accueillir la présence de Notre Seigneur Jésus Christ dans les derniers de nos frères et sœurs qui souffrent».

Bartholomée confie avoir hâte de partager les prochaines étapes de ce «chemin béni», et notamment la commémoration historique du premier concile œcuménique de Nicée, au cours duquel furent formulés les principaux articles du Credo chrétien.

L’archevêque de Canterbury, primat de l’Église d’Angleterre, qui a accompagné François dans son pèlerinage pour la paix au Soudan du Sud, salue du Pape «son humanité extraordinairement profonde qui ne fait pas de compromis sur la vérité et qui attribue à chaque être humain une valeur infinie».

Justin Welby, le Pape François et le patriarche Bartholomée le 9 septembre 2021

Simplicité et ouverture

Confiant avoir été «très nerveux» avant de le rencontrer la première fois, Justin Welby se rend vite compte de sa «remarquable ouverture dans la façon d’approcher la morale», affrontant les problèmes «sous un angle surprenant»«Il regarde dans le cœur de l’homme et trouve des moyens d’aimer qui parviennent à débloquer les parties du cœur endurci» affirme le chef spirituel de l’Église anglicane. Le tout sans se départir de «simplicité». Ce fut le cas lors de leur première rencontre, quand François lui dit d’entrée : «je suis ton aîné… de trois jours!», car le Pape avait été élu trois jours avant que Justin Welby ne prenne ses fonctions. Autant de qualités, «sa grande capacité d’esprit et de caractère, la profondeur de son cœur et sa simplicité lui permettent d’atteindre de façon extraordinaire ceux qui sont en dehors de l’Église».

Le Pape François et le grand imam Al-Tayyeb le 10 avril 2021

Au cours de ces dix ans de pontificat, le Pape François s’est beaucoup adressé au monde musulman, signant le Document sur la Fraternité universelle à Abu Dhabi avec le grand imam de l’université Al-Azhar, la plus haute institution de l’islam sunnite. Ahmad Al-Tayyeb, n’a pas manqué de saluer les efforts de François pour «construire des ponts d’amour et de fraternité entre tous les êtres humains» et pour promouvoir inlassablement «les valeurs de la fraternité humaine et pour établir le dialogue entre les fidèles des religions comme base pour parvenir à la paix à laquelle nous aspirons tous».

Rappelant la responsabilité des responsables religieux «pour soulager la souffrance des personnes et des opprimés», Ahmad Al-Tayyeb affirme accueillir «toute initiative visant à travailler ensemble à la réalisation de la fraternité humaine afin que la sécurité, la tranquillité, la coexistence et la stabilité prévalent dans notre monde».

Grande attention aux juifs

Les amitiés que François a tissé au cours de sa vie dépassent donc les frontières du catholicisme. Parmi ses plus anciennes, figure celle avec le rabbin argentin Abraham Skorka qui rappelle les nombreuses collaborations de celui qui était alors l’archevêque de Buenos Aires. Jorge Mario Bergoglio a démontré à cette époque son «engagement sincère» à «construire des relations et des amitiés avec des juifs et avec leurs institutions communautaires». Son élection au trône de Pierre n'a rien changé dans leurs relations et leur amitié. «Que cette affection réciproque puisse être le modèle des interactions entre catholiques et juifs pour toutes les générations à venir», espère-t-il.

Abraham Skorko insiste évidemment sur l’importance pour le Pape François des relations entre juifs et catholiques car «nous pouvons trouver ensemble la sagesse de Dieu dans nos textes sacrés d’une manière inégalée dans les conversations avec n’importe quelle autre tradition religieuse». Il revient aussi dans son message sur la visite de François à Jérusalem et à son initiative de paix dans les jardins du Vatican entre les présidents israélien et palestinien, Shimon Peres et Mahmoud Abbas. Il salue aussi l’ouverture des archives du Vatican concernant la période de la Seconde Guerre mondiale.

Le Pape François au mur des Lamentations à Jérusalem en 2014

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