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Selon le dernier rapport de la branche anglophone d’Aide à l’Église en détresse (AED) publié à l'occasion de sa semaine de campagne de sensibilisation sur la liberté religieuse et les chrétiens persécutés dans le monde -organisée du 16 au 23 novembre, l'oppression ou la persécution des chrétiens a augmenté dans 75 % des pays étudiés.

Vatican News

La branche internationale d'Aide à l'Église en Détresse (AED) lance du 16 au 23 novembre une grande campagne afin de sensibiliser sur la liberté religieuse et la persécution des chrétiens. Intitulée #RedWeek (#SemaineRouge), cette campagne se déroulera sur tous les continents. Comme les années précédentes dans certains pays, des églises et bâtiments emblématiques seront illuminés en rouge. 

Mercredi rouge le 23 novembre

Bien que les événements soient répartis tout au long du mois, un grand nombre de nuits de prière et de témoignages dans le monde se tiendront le 23 novembre, #RedWednesday.  

La campagne annuelle a été lancée le 16 novembre avec la publication officielle à Londres du rapport «Persécutés et oubliés ? Rapport sur les chrétiens opprimés pour leur foi en 2020-22». L'étude complète le rapport annuel sur la liberté religieuse de l'organisation caritative internationale et est préparée par le bureau national de l'AED au Royaume-Uni.

L'une de ses principales conclusions montre que, dans 75 % des 24 pays étudiés, la persécution des chrétiens a encore augmenté au cours des deux dernières années.

L'exode des chrétiens du Moyen-Orient

Le sort des chrétiens au Moyen-Orient est particulièrement préoccupant. Dans plusieurs pays, des communautés autrefois florissantes risquent de disparaître à la suite de migrations massives dues à différents facteurs, du fondamentalisme islamique à la discrimination, des guerres aux difficultés économiques.

Selon le rapport, depuis la fondation de l'État d'Israël, en 1948, le nombre de chrétiens dans les territoires palestiniens a chuté de 18 % à moins de 1 % de la population, en raison des tensions israélo-palestiniennes et des difficultés économiques. Au cours des deux dernières années, plus de 5 000 chrétiens ont quitté les territoires, y compris Jérusalem, s'ajoutant aux dizaines de milliers qui sont déjà partis, principalement vers l'Europe, les États-Unis et le Canada.

Irak, l'exode dès 2033

L'exode des chrétiens de Syrie et d'Irak a été encore plus dramatique, surtout pendant l'insurrection de l'organisation de l'État islamique (Daesh) en 2014-2017.

En Irak, l'exode a commencé après l'intervention militaire dirigée par les États-Unis en 2003, qui a renversé Saddam Hussein, en raison de l'insécurité et de la violence, et s'est intensifié de manière spectaculaire lors de l'occupation par Daesh de la plaine de Ninive, berceau du christianisme mésopotamien, lorsque plus de 100 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers pour se réfugier au Kurdistan irakien ou dans les pays voisins, ou de quitter définitivement la région pour l'Amérique du Nord, l'Australie ou l'Europe.

L'émigration des chrétiens irakiens se poursuit encore aujourd'hui, malgré la défaite militaire de Daesh, en raison de la crise économique, des discriminations, de l'instabilité politique et de l'insécurité permanentes. Selon le primat de l'Église chaldéenne, le cardinal Louis Raphael Sako, cet exode est sans précédent.

À la veille de la deuxième guerre du Golfe, les chrétiens d'Irak étaient estimés entre 1 et 1,4 million. Depuis, leur nombre a chuté d'au moins trois quarts.

Syrie, fuir la guerre

De même, en Syrie, la guerre en cours, la menace d'une résurgence à grande échelle des Daech, ainsi qu'une crise économique dramatique continuent de contraindre les chrétiens à quitter le pays et découragent nombre d'entre eux de rentrer chez eux.

Le résultat est que la taille de la communauté chrétienne a chuté de 10 % avant 2011 à moins de 2 %, et maintenant son existence même est en danger, selon le rapport de l'AED.

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Selon le rapport, de nombreux chrétiens quittent également la Jordanie, malgré sa relative stabilité politique et sa meilleure sécurité.

La menace de Boko Aram au Nigeria

Concernant les pays d'autres régions du monde, l'étude attire en outre l'attention sur la forte augmentation de la violence terroriste de la part de militants non étatiques, et en particulier au Nigeria où le groupe terroriste islamiste Boko Haram continue de semer la terreur. Plus de 7 600 chrétiens nigérians auraient été assassinés entre janvier 2021 et juin 2022.

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Le nationalisme religieux est également à l'origine d'une violence croissante à l'encontre des chrétiens dans d'autres pays d'Asie, comme l'Inde et le Sri Lanka.

L'Inde a connu 710 incidents de violence anti-chrétienne entre janvier 2021 et le début du mois de juin 2022, souvent sous l'impulsion de nationalistes hindous.

Le rapport révèle en outre que dans des pays aussi divers que l'Égypte et le Pakistan, les jeunes filles chrétiennes sont régulièrement victimes d'enlèvements et de viols systématiques en vue d'une conversion forcée à l'islam et d'un mariage forcé.

Face à cette situation dramatique, la Fondation pontificale exhorte les fidèles à se joindre à la prière ce mercredi 23 novembre et demande aux paroisses d'illuminer leurs églises en signe de protestation silencieuse contre le fléau de la persécution.

Les initiatives du Mercredi Rouge

Plusieurs pays à travers le monde y participent.

En Australie, dix cathédrales seront illuminées et la cathédrale de Canberra organise une Nuit des témoins. Le Royaume-Uni a préparé une grande variété d'événements, tant en Angleterre qu'en Écosse, notamment l'initiative «Taste of Home», qui invite les gens à se réunir entre amis et en famille et à partager un repas traditionnel provenant de pays où les chrétiens sont persécutés, au cours duquel ils pourront échanger des histoires sur l'Église souffrante, prier et collecter des fonds pour soutenir les réfugiés.

En France, les cloches sonneront dans 100 églises du pays et une table ronde aura lieu au Collège des Bernardins, à Paris, suivie d'une veillée de prière à Montmartre le 23 novembre, avec un témoignage de l'archevêque de Kaduna, Mgr Matthew Man-oso Ndagoso, au Nigeria.

L'AED Allemagne a invité des personnes d'Irak, du Nigeria et du Pakistan à témoigner dans les cathédrales de Regensburg, Mayence et Augsbourg, entre autres.

La Semaine rouge trouve ses racines au Brésil en 2015, lorsque le bureau local de l'AED a fait allumer en rouge le monument du Christ Rédempteur pour marquer la persécution des chrétiens en Irak. En avril 2016, inspirée par la même idée, AED Italie a illuminé la fontaine de Trevi.

L'AED britannique a poussé l'idée plus loin et a créé #RedWednesday (#MercrediRouge) pour commémorer tous les chrétiens persécutés un mercredi spécifique en novembre, et cela a ensuite été étendu à une semaine entière dans de nombreux pays. Au Royaume-Uni, en particulier, l'initiative a été adoptée non seulement par différentes confessions chrétiennes, mais aussi par d'autres religions, en signe de solidarité.

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