Dân Chúa Âu Châu

Le Pape François a rendu hommage aux Caritas nationales, associations et personnes qui soutiennent au quotidien les personnes migrantes lors de l’angélus de ce dimanche. Pour celles et ceux engagés au plus près d’elles dans un contexte difficile, les paroles du Pape sont d’un grand réconfort. C’est le cas au sein du Secours catholique – Caritas France.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

«C’est un honneur, un soutien moral et spirituel extrêmement important pour nous» : Juliette Delaplace, chargée de mission auprès des personnes exilées sur le littoral nord au Secours catholique – Caritas France, se félicite des mots du Pape. François, à l’issue de la prière de l’angélus, ce dimanche midi, a remercié «toutes les institutions qu’elles soient de l’Église catholique ou d’ailleurs, spécialement les Caritas nationales et tous ceux qui sont engagés pour soulager les souffrances» des migrants.

«Les bénévoles et les salariés qui se mobilisent aujourd’hui auprès des personnes exilées à la frontière franco-britannique n’ont pas l’habitude de ce type de soutien de la part des autorités» explique Juliette Delaplace.

En cause, «l’opprobre» que les autorités françaises jettent sur leur travail et les difficultés qu’elles leur créent : «à Calais, il y a pas moins de seize arrêtés qui interdisent aux associations de distribuer à boire et à manger aux personnes exilées», souligne la jeune femme. Pas facile de se mobiliser face à tant d’adversité. Pourtant, ce n’est pas l’envie qui manque : «nous, on croit à ce que l’on fait, on croit en la charité, en la fraternité» s’exclame-t-elle. Alors les mots du Pape lui «donnent de la force, de la confiance et de l’espoir».

Désespoir des candidats au départ

Il en faut, tant la situation à Calais est encore difficile. Il y a 1200 personnes, hommes, femmes et mineurs non accompagnés, originaires du Soudan, d’Érythrée et d’Afghanistan pour la plupart, qui «vivent une situation extrêmement difficile au quotidien» explique-t-elle. «Elles sont harcelées sous forme d’expulsion de campements, de vols de leurs affaires personnelles, de tentes et de duvets» «il leur est difficile d’accéder à la nourriture et à l’eau». Ces conditions de survie pèsent sur leur moral. «Il y a des personnes qui me disent : «je m’affaiblis un peu plus chaque jour physiquement et moralement» ou qui me disent : «je suis déjà à moitié mort».

Le naufrage du 24 novembre, dans lequel périrent 27 personnes, plus la mort de six personnes noyées en Manche depuis fin septembre, sans compter la disparition de six autres en mer, ne font que renforcer le malaise et l’inquiétude chez les candidats au départ. Des candidats qui n’ont pas le choix : les autorités françaises ne leur permettent pas de rester pour la plupart d’entre eux. Et la majorité veut de toute façon rejoindre le Royaume-Uni pour y retrouver un proche y habitant déjà. Calais devient ainsi une double impasse, humaine et politique, aucune solution ne semblant être possible à court terme.