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Le Pape a écrit une lettre à Bartholomée à l’occasion du 30e anniversaire de son élection au patriarcat de Constantinople. Il y rappelle le lien profond développé entre eux au cours des années de son pontificat et l’invite à continuer ensemble le chemin vers la pleine communion pour affronter les défis actuels, à commencer par le changement climatique.

C’est une lettre pleine d’affection que François, successeur de Pierre, adresse à Bartholomée, successeur d’André. Pour son «très cher frère», ainsi qu’il a coutume de l’appeler, l’évêque de Rome invoque de Dieu «la santé, la joie spirituelle et la grâce abondante pour soutenir tous les aspects de son éminent service».

De Lesbos à Jérusalem, en passant par Rome et Le Caire

François exprime ensuite sa gratitude pour le «lien personnel profond» établi avec le patriarche «depuis le moment de l'inauguration de mon ministère pontifical, lorsque vous m'avez honoré de votre présence à Rome», lors de la messe du 19 mars 2013. Ce lien, au fil du temps, est devenu «une amitié fraternelle» nourrie par les nombreuses rencontres : non seulement à Rome, rappelle le Pape, mais aussi lors des voyages internationaux en Turquie, au Phanar, à Jérusalem, à Assise, au Caire, à Lesbos -avec l'archevêque d'Athènes Ieronymos- à Bari et, récemment, à Budapest, pour le Congrès eucharistique international.

Le 4 octobre, le Pape et le patriarche se sont de nouveau retrouvés pour la rencontre “Foi et science. Vers la Cop 26”, un événement promu par les ambassades britannique et italienne auprès du Saint-Siège qui, en vue de la conférence annuelle des Nations unies sur le climat à Glasgow, a réuni des scientifiques et des chefs religieux qui ont signé un appel à des actions concrètes pour protéger la création. Bartholomée - qui a également été reçu en privé par le Pape au Palais apostolique le matin du 4 octobre – était encore aux côtés du Souverain Pontife dans l'Aula Magna de l'Université pontificale du Latran, pour inaugurer le nouveau cycle d'études en écologie et environnement, en collaboration avec le Patriarcat de Constantinople.

Engagement envers la création

Avec Bartholomée, «nous partageons le devoir de proclamer l'amour de la création et l'engagement pour sa sauvegarde», a déclaré le Pape François à cette occasion, révélant que, alors que l'encyclique Laudato si' était en cours de rédaction, «la lumière qui venait de lui et de l'Église de Constantinople était forte» ; elle est en effet la première parmi les Églises chrétiennes à s'être engagée dans les questions environnementales et à instaurer, en 1989, une Journée pour le soin de la création qui est célébrée chaque 1er septembre. «Sauvegarder la création, écrit François, citant un discours du patriarche en 2003, est une manière d'aimer, de passer progressivement de ce que je veux à ce dont le monde de Dieu a besoinC'est la libération de la peur, de la cupidité et de la dépendance».

Une responsabilité commune face aux défis d'aujourd'hui

Dans la lettre publiée ce vendredi, le Pape rappelle précisément ces deux événements pour redire combien il a apprécié la présence du patriarche de Constantinople. Celle-ci rend évidente «la compréhension de notre responsabilité pastorale commune face aux défis urgents auxquels la famille humaine tout entière est confrontée aujourd'hui». François a notamment salué l'engagement de Bartholomée «dans la sauvegarde de la création et dans la réflexion sur cette question, dont j'ai appris et continue d'apprendre beaucoup. Avec l'apparition de la pandémie et les graves répercussions sanitaires, sociales et économiques qui en découlent, son témoignage et son enseignement sur la nécessité d'une conversion spirituelle de l'humanité ont acquis une pertinence durable».

La voie du dialogue

D'où un remerciement sincère au patriarche également «pour avoir indiqué sans cesse la voie du dialogue, dans la charité et la vérité, comme seule voie possible pour la réconciliation entre les croyants dans le Christ et pour le rétablissement de la pleine communion». C'est un «long» chemin que François ne cesse d'invoquer depuis des années et qui - dit-il aujourd'hui – «avec l'aide de Dieu», se poursuivra certainement. Et il se poursuivra «ensemble», car «la proximité et la solidarité entre nos Églises sont une contribution indispensable à la fraternité universelle et à la justice sociale, dont l'humanité a un besoin si urgent».