Dân Chúa Âu Châu

« Entrer en contact avec chaque marin et pêcheur »

« Dans diverses Églises chrétiennes à travers le monde, le deuxième dimanche de juillet est traditionnellement considéré comme le dimanche de la mer. Ce jour-là, les fidèles sont invités à se souvenir et à prier pour le million et demi de marins qui sillonnent les océans et les mers et qui transportent près de 90% des biens d’un pays à un autre », explique le cardinal Peter Turkson dans ce message pour le Dimanche de la Mer 2019, publié ce 14 juillet par le Saint-Siège, en italien, français, anglais et espagnol.

Rappelant l’exigence du respect des droits des travailleurs de la mer, le cardinal ghanéen s’adresse notamment aux aumôneries: « Je souhaite encourager les aumôniers et les volontaires de la Stella Maris/Apostolat de la Mer, au cours de leurs visites quotidiennes à bord des bateaux à être vigilants et à entrer en contact avec chaque marin et pêcheur en ayant le même esprit d’engagement qui anima les pionniers de notre ministère lorsque, il y a presque cent ans, le 4 octobre 1920, ils décidèrent de raviver et restructurer le vaste ministère de l’Église catholique pour les gens de mer. »

Voici la traduction officielle en français ce ce message.

AB

Message pour le Dimanche de la Mer

(14 juillet 2019)

Chers frères et sœurs dans le Christ

très chers aumôniers, volontaires, amis et bienfaiteurs de l’Apostolat de la Mer,

Bien que nous ne le réalisions pas toujours, le travail des gens de mer est essentiel pour notre vie quotidienne, car la plupart des biens que nous avons dans nos maisons – la télévision, le réfrigérateur, la machine à laver, l’ordinateur et le téléphone, pour ne pas mentionner l’essence pour nos voitures ou les vêtements que nous portons, et bien d’autres choses encore – sont fabriqués très loin de chez nous et transportés par les marins. Il est donc opportun de nous arrêter un instant pour réfléchir au rôle important et crucial qu’occupent les gens de mer pour notre confort et notre bien-être.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, dans diverses Églises chrétiennes à travers le monde, le deuxième dimanche de juillet est traditionnellement considéré comme le dimanche de la mer. Ce jour-là, les fidèles sont invités à se souvenir et à prier pour le million et demi de marins qui sillonnent les océans et les mers et qui transportent près de 90% des biens d’un pays à un autre.

La vie des marins, bien qu’elle puisse paraître attrayante et intéressante aux yeux de beaucoup, en pensant qu’au cours de leurs voyages ils peuvent visiter de nombreux pays, est en réalité chargée de défis et de difficultés.

Selon leur contrat de travail, les marins sont obligés de vivre pendant des mois et des mois dans l’espace confiné d’un bateau, loin de leurs familles et des gens qu’ils aiment. Souvent, leurs salaires sont payés en retard et, au moins dans un cas, les législations nationales interdisent que les marins reçoivent de l’argent comptant à bord, les laissant ainsi démunis pendant toute la durée de leur contrat. Les très brèves escales dans les ports les empêchent d’aller se détendre et de relâcher la pression de leurs pénibles conditions de travail, aggravées par la crainte permanente des actes de piraterie et même, aujourd’hui, par les risques d’attaques terroristes. En cas d’accidents maritimes, les gens de mer sont incriminés et détenus sans protection effective de la loi et sans bénéficier d’un traitement équitable. Dans un mélange précaire de nationalités, de cultures et de religions, les occasions d’interactions sociales avec le petit nombre de membres d’équipage à bord ont diminué. L’isolement et la dépression, associés à un manque d’environnement favorable, peuvent même parfois affecter la santé mentale des marins, avec des effets parfois tragiques et déchirants pour leurs familles, les membres de l’équipage et les propriétaires de navires.

Il faut reconnaître que, grâce à la ratification et à la mise en œuvre de plusieurs Conventions et législations internationales, le travail et les conditions de vie à bord d’un grand nombre de navires commerciaux se sont améliorées. Cependant, nous ne pouvons pas nier qu’en bien des parties du monde, où des propriétaires de bateaux peu scrupuleux tirent profit d’une application laxiste des lois, les problèmes mentionnés plus haut continuent d’affecter grandement la vie de nombreux marins et de leurs familles.

Une fois encore, je voudrais appeler les Organisations internationales, ainsi que les autorités gouvernementales et les différents acteurs de la scène maritime, de faire un effort supplémentaire pour protéger et sauvegarder les droits des travailleurs en mer.

Je souhaite encourager les aumôniers et les volontaires de la Stella Maris/Apostolat de la Mer, au cours de leurs visites quotidiennes à bord des bateaux à être vigilants et à entrer en contact avec chaque marin et pêcheur en ayant le même esprit d’engagement qui anima les pionniers de notre ministère lorsque, il y a presque cent ans, le 4 octobre 1920, ils décidèrent de raviver et restructurer le vaste ministère de l’Église catholique pour les gens de mer.

Sur les visages des marins des différentes nations, je vous invite à reconnaître le visage du Christ dans cette opacité. Dans la Babel des langages, je vous recommande de parler le langage de l’amour chrétien qui accueille tous et chacun sans exclure personne. Confrontés aux abus, je vous invite chaleureusement à ne pas avoir peur de dénoncer les injustices et à prôner de «travailler ensemble pour construire le bien commun et un nouvel humanisme du travail, promouvoir un travail respectueux de la dignité de la personne qui ne regarde pas seulement le profit ou les exigences de la production, mais encourage une vie digne en sachant que le bien des personnes et le bien de l’entreprise vont de pair» (Pape François, le 7 septembre 2018).

Enfin, laissez-nous confier votre ministère à Marie, Étoile de la Mer, afin qu’elle continue à renforcer, inspirer et guider chaque action des aumôniers et des volontaires et qu’elle étende sa protection et son assistance maternelles à tous les gens de mer.

Cardinal Peter K. A. Turkson

Préfet

[Traduction officielle, texte original: Italien]