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Et l’encyclique de juillet 1968

Saint Paul VI est un « intercesseur pour l’Eglise d’aujourd’hui qui affronte de grandes difficultés », estime le cardinal Sarah.

Le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, revient sur l’importance pour l’Eglise d’aujourd’hui, de la canonisation de Paul VI, un « pape du renouveau de l’Église par la sainteté de la vie de chaque baptisé ».

L’Eglise en Afrique trouve dans ce pasteur, « la figure d’un véritable Père », estime le cardinal Guinéen, au micro de Françoise Niamien pour Vatican News.

Le cardinal Robert Sarah décrit la canonisation du Pape Paul VI comme l’occasion pour  l’Eglise de vraiment se réjouir pour ce grand évènement qui rappelle un « Pape du Concile ».

Il cite aussi la valeur et l’actualité dans l’Eglise de l’encyclique Humane Vitae. Le cardinal Sarah souligne que Paul VI, a eu  lui-même l’impression  que l’Eglise s’auto-détruisait, après la publication de cette encyclique, en juillet 1968, son encyclique Humane Vitae qui a fait l’objet d’une farouche contestation, à l’intérieur même de l’Eglise. Il en a beaucoup souffert et  il n’a plus publié d’encyclique jusqu’à sa mort.

Son intercession pour l’Eglise

Mais il a porté cette souffrance comme étant une « offrande pour que l’Eglise puisse croître et puisse se renouveler ». C’est un Pape, dit-il, que « nous devons vénérer, prier pour qu’il intercède pour l’Eglise qui a aujourd’hui de grandes difficultés ».

Le cardinal Robert Sarah fait remarquer que Paul VI est la « prolongation de ce qu’avait voulu Saint Jean XXIII » : un renouveau de l’Église. L’Eglise ne va se renouveler « en créant de nouvelles structures », ni « en organisant techniquement la pastorale, les structures des paroisses ».

Mais l’Eglise se renouvelle « par la sainteté de la vie de chaque baptisé »: « Ainsi, Paul VI est un homme qui a voulu rappeler à l’Eglise que son renouvellement ne se fera que par la sainteté de la vie, par le renouvellement intérieur. C’est pourquoi je pense qu’il est très présent dans cette crise de l’Eglise, dans la crise du monde. Si nous continuons à le supplier, à l’implorer, à relire ses encycliques, je pense que ce sera la meilleure façon de célébrer sa canonisation et  surtout  de suivre son enseignement ».

Pour l’Afrique

Le cardinal Sarah invite à comprendre l’appel de Paul VI, le  31 juillet 1969, à Kampala, en Ouganda, à « l’Eglise-famille de Dieu » qui est en Afrique : « Vous, Africains, vous êtes désormais vos propres missionnaires ».

Le cardinal Sarah, estime que « c’est non seulement un appel, mais une reconnaissance que l’Eglise d’Afrique avait atteint une maturité, qu’elle était capable elle-même de conduire la mission de l’Eglise en Afrique ».

Il  y avait, a poursuivi le préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements,  le clergé qui montait en nombre, un grand élan missionnaire, les séminaires étaient remplis.

La nouvelle patrie du Christ

Donc le moment était venu pour que le pape reconnaisse la « maturité » de l’Eglise africaine: « C’était la première fois qu’un Pape arrivait en Afrique. Et il avait non seulement demandé aux Africains  d’être leurs propres missionnaires, mais il avait également affirmé que ‘la nouvelle patrie du Christ c’est l’Afrique’. Autrement dit, l’ouverture de l’Afrique au Christ avait pour lui une grande importance ».

Le cardinal Sarah cite encore ces paroles: « Soyez vos missionnaires mais faites en sorte que le Christ soit vraiment chez vous, que l’Afrique soit vraiment la patrie de Jésus Christ ».

Cette invitation de Paul VI, a indiqué le cardinal Sarah, a fait que les autres papes  aussi ont pris conscience de l’importance de l’Afrique aujourd’hui. Par exemple, Jean Paul II  est allé plusieurs fois en Afrique,  mais il a également écrit dans Ecclesia in  Africa, que chaque nom africain est inscrit dans la paume crucifiée du Christ. C’est-à-dire que l’Afrique participe à la mort et à la résurrection du Christ, à la passion du Christ. Et Benoît XVI a dit une chose extraordinaire, inouïe: « le poumon spirituel de l’humanité, c’est l’Afrique ».

Le cardinal Sarah estime que le Pape Paul VI  a ouvert les yeux sur l’Afrique et a permis aux autres Papes de regarder l’Afrique et lui faire confiance.

Qui fournit les armes?

On ne finit jamais d’être mûr, a assuré le cardinal Robert Sarah: « Je pense que l’Afrique peut se dire mûre, malgré la pauvreté, la souffrance, les guerres et les crises. Aujourd’hui,  je pense que l’Afrique est l’un des continents où il y a encore des valeurs, des valeurs sur la famille, qu’on a perdues dans beaucoup de continents, les valeurs de la dignité humaine ».

Il pose dans fard la question qui fâche: « on veut nous faire croire que l’Afrique ne regarde pas la personne humaine, qu’on ne fait que se battre entre nous. Mais qui nous fournit des armes pour nous tuer entre nous ? Cette maturité n’est pas achevée, elle est à faire parce que c’est par la mort que nous atteignons la plénitude de l’être humain ».