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Chine : accord Rome-Pékin, l’optimisme du card. John Tong Hon – ZENIT – Francais

Une lecture de « Eglises d’Asie »

« Le cardinal John Tong Hon, évêque de Hongkong, plaide pour la signature d’un accord entre Rome et Pékin » titre, le 9 février 2017, l’agence des Missions étrangères de Paris, « Eglises d’Asie » (EDA).

« Je suis optimiste »

Certains observateurs à Rome, où le texte a également été publié en italien ce 10 février, se demandent si le cardinal chinois n’affiche pas cet optimisme pour faire avancer les choses et invitent à la prudence : le pape a dit il y a quelques mois que ça irait lentement. Il disait également, le 2 octobre 2016 : « Nous sommes en bons rapports, on étudie et on parle, il y a des commissions de travail…  Je suis optimiste. » On sait aussi que toute avancée des relations de Rome avec la Chine peut faciliter les relations avec le Vietnam ou le Laos – les évêques viennent d’achever leur visite ad limina – et réciproquement.

EDA évoque l’intervention de l’évêque, en date du 25 janvier, mais diffusée le 9 février en anglais: « Dans un texte diffusé aujourd’hui sur les sites des journaux du diocèse de Hongkong (Kung Kao Po en chinois et Sunday Examiner en anglais), l’évêque de Hongkong, le cardinal John Tong Hon, publie un plaidoyer en faveur de la conclusion d’un accord entre la Chine et le Saint-Siège. Si le cardinal reconnaît que les présentes conditions politiques en Chine populaire font que les libertés n’y sont pas « complètes », l’Eglise se doit de saisir le moment présent pour obtenir une liberté « essentielle » pour elle, à savoir la nomination par le pape des évêques. »

Le point de vue ecclésiologique

L’agence des MEP précise : « Mgr Hon choisit d’aborder la question « d’un point de vue ecclésiologique ». Dans ce texte daté du 25 janvier dernier, fête de « la conversion de saint Paul Apôtre », mais diffusé ce 9 février, il présente la conclusion d’un accord entre Pékin et Rome au sujet de la nomination des évêques en Chine non comme une perspective à venir mais comme une réalité future certaine. Après plusieurs sessions de négociations, « un consensus préliminaire » a été trouvé, consensus qui « mènera à un accord concernant la nomination des évêques », explique-t-il, non sans préciser que, selon la doctrine de l’Eglise catholique, « le pape reste la plus haute et dernière autorité en ce qui concerne la nomination des évêques ». Le cardinal ajoute aussitôt que si « l’Accord entre la Chine et le Saint-Siège » sur la nomination des évêques est le nœud du problème, il ne constitue « en aucune façon » une normalisation complète des relations sino-vaticanes. « Les problèmes se sont accumulés depuis des décennies et il serait irréaliste, sinon impossible, de les résoudre en une nuit », écrit Mgr Hon, en listant trois difficultés : l’Association patriotique des catholiques chinois, le statut des sept évêques « officiels » illégitimes et la place à réserver à la trentaine d’évêques de la partie « clandestine » de l’Eglise en Chine. Selon l’évêque de Hongkong, ces trois « problèmes » peuvent toutefois être résolus « de bonne foi » par l’une et l’autre partie en présence « sans compromettre nos propres principes et notre sincérité ». Le cardinal souligne que l’accord sur la nomination des évêques « peut être considéré comme un tournant dans le développement des relations [entre la Chine et le Saint-Siège] depuis 1951 », année de l’expulsion du nonce alors en poste en Chine par le régime communiste. »

L’Association patriotique

Le cardinal Tong Hon évoque l’association patriotique: « Concernant l’Association patriotique des catholiques chinois, Mgr Hon reconnaît que, « pour beaucoup », cette structure est « comme une montagne inamovible dressée [entre la Chine et le Saint-Siège] ». Il évacue cependant le problème en expliquant que le simple fait que Pékin et Rome discutent implique que « des changements ont déjà pris place dans la politique de Pékin vis-à-vis de l’Eglise catholique » et que l’Association laissera désormais le pape « jouer un rôle dans la nomination et l’ordination des évêques chinois ». Il précise : « Pékin reconnaîtra ainsi un droit de veto du pape [sur les nominations épiscopales] et le fait que le pape est la plus haute autorité » sur ce point. Selon lui, un accord entre les deux parties signifie donc que « les principes d’indépendance » qui sont à la base de la politique religieuse de la Chine « seront relégués dans [les poubelles] de l’Histoire » et que ces principes disparus, l’Association patriotique se transformera « en une association patriotique au sens littéral du terme : une organisation formée de clercs et de laïcs, désireux d’aimer et de servir l’Eglise sur une base patriotique et bénévole ».

« A propos des évêques illégitimes, ajoute la même source, qui ne sont plus que sept après le décès, le 10 janvier dernier, de Mgr Tu Shihua, le cardinal distingue ce qui relève de la conduite personnelle de certains de ces évêques (il est de notoriété publique que certains d’entre eux ont femmes et enfants) et ce qui relève du fait qu’ils ont accepté d’être ordonnés de manière illégitime, i.e. sans l’accord du pape. Etant donné que le Saint-Siège ne peut envoyer en Chine de responsables pour enquêter sur ces différents points, il faut s’en remettre pour cela « aux institutions officielles chinoises ». La pré-condition pour une réintégration dans la communion de l’Eglise de ces évêques est « la repentance » à laquelle ceux-ci doivent consentir. Pré-condition d’ores et déjà acquise car, écrit le cardinal, « selon des informations fiables, l’ensemble de ces sept évêques ont déjà écrit au pape (…) pour exprimer leur volonté de se soumettre entièrement à l’autorité du pape et pour implorer son pardon ». Ce pardon accordé, certains évêques pourront se voir confier l’autorité sur un diocèse, d’autres non, et tout ce processus « prendra du temps et nécessitera de la patience ». »

L’Eglise « clandestine »

Pour ce qui est de l’Eglise « clandestine », le cardinal chinois reconnaît la difficulté : « Le sujet de la reconnaissance par le gouvernement chinois des évêques « clandestins », qui sont au nombre de 30 sur un total d’environ 100 évêques, constitue « le problème le plus difficile » des négociations sino-vaticanes, estime le cardinal John Tong Hon. « La légitimité de la Conférence des évêques catholiques de Chine, reconnue par le gouvernement, dépend de sa capacité à intégrer tous les évêques légitimement ordonnés au sein de l’ensemble de l’Eglise en Chine », estime l’évêque de Hongkong. C’est là « un sujet majeur du dialogue entre les deux parties », insiste-t-il, tout en ajoutant immédiatement que « ce n’est pas un point de blocage ». En cas d’accord entre la Chine et le Saint-Siège sur la nomination des évêques, la confiance établie entre les deux parties sera telle que les évêques « clandestins » ne seront plus considérés par Pékin « comme l’opposition qui insiste sur les principes religieux », explique Mgr Hon. Le temps et la patience feront, ici encore, leur œuvre, analyse-t-il. Pour le cardinal, le fait qu’un accord sur la nomination des évêques puisse être trouvé amènera chacune des trois difficultés listées ci-dessus à être résolues d’elles-mêmes. Mais, conscient que de nombreuses voix considèrent cette analyse comme trop optimiste, Mgr Hon s’efforce de répondre à leurs arguments. Le premier de ceux-ci est le fait que le cas de l’Eglise catholique ne peut être isolé du contexte chinois dans son ensemble, notamment des problèmes qui se posent au Tibet ou au Xinjiang. Le second est qu’un accord entre la Chine et le Saint-Siège n’apportera aucune garantie à l’Eglise en matière de liberté de prédication, d’action dans les domaines éducatifs ou sociaux ou bien encore en matière de droit à la propriété. »

Les libertés, distinguo

Concernant le Tibet et le Xinjiang, le cardinal rappelle que « les catholiques chinois ne cherchent pas à faire de politique et ils « ne menacent en rien la stabilité sociale et politique – une réalité que les dirigeants chinois comprennent parfaitement ». »

L’évêque distingue aussi différents types de liberté : « Mgr Hon présente « les similitudes et les différences » qui existent, selon lui, entre l’Eglise catholique et les autres religions présentes en Chine. Le point de différence est la question de la nomination des évêques. Mais, une fois « la confiance rétablie » entre Pékin et Rome, les autres points pourront être résolus plus tard. « Si Pékin est aujourd’hui prêt à un accord sur la nomination des évêques avec le Saint-Siège, l’Eglise en Chine jouira d’une liberté essentielle, même si elle ne jouira pas d’une liberté complète », conclut l’évêque, en affirmant que si l’Eglise ne saisit pas maintenant cette chance, elle risque de perdre « toutes les libertés ». En insistant sur la distinction entre liberté « essentielle » et liberté « complète », et en appelant à faire preuve « du sain principe de réalité que nous enseigne le pape François », Mgr Hon plaide pour qu’« entre deux maux, l’Eglise choisisse le moindre mal » et s’engage « clairement » sur la voie d’un accord avec Pékin. »

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